Au fil des ans...

C'est comme ça à chaque début d'année, je ne peux pas m'empêcher de me rappeler ce qu'était ma vie il y a un an très exactement. Je crois que j'ai lu trop de Lamartine quand j'étais au lycée et j'ai peur du temps qui passe. 

Il y a 2 ans, j'étais en congé maternité, j'avais quelques semaines de repos avant l'arrivée du nain, je ne savais qu'une chose c'est que je n'étais pas prête de reprendre le travail et surtout que j'allais profiter de l'occasion pour changer de boulot. 

Il y a 1 an je reprenais le travail coûte que coûte, retour à la case départ, toujours le même bureau, toujours le même patron...

Il y a 2 ans je commençais les cours de préparation à l'accouchement, le chauffe-eau s'était cassé la gueule dans la salle de bain, on squattait chez des potes en attendant une solution de rechange.

Il y a 1 an, je prenais ma douche en 4ème vitesse parce qu'on avait toujours pas de vrai chauffe-eau, je réveillais Gabin pour l'emmener à la crèche alors qu'il faisait encore nuit, c'était l'hiver et je culpabilisais à fond de le sortir de ce froid. 

Il y a 2 ans je n'avais qu'une hâte, savoir qui c'était, une fille ou un garçon, le nez de papa ou les yeux de maman s'il allait être à la hauteur de la pression que tout le monde mettait sur lui parce que les métissés sont forcément beaux. 

Il y a 1 an je réalisais avec quand même un peu d'étonnement et d'appréhension que le test de grossesse était bel et bien positif et que tout allait recommencer. Prévenir mon patron que j'allais repartir 6 mois après être revenue, appeler ma sage-femme pour lui dire que j'aurais besoin d'elle dans les mois à venir. 

Il y a un an surtout Gabin s'apprêtait à fêter son 1er anniversaire à l'hôpital, comme un retour à la case départ. Avec la promesse d'un petit frère ou d'une petite soeur pour l'aider à souffler ses 2 bougies. 

En ce début d'année je ne réveille pas Gabin tous les matins pour l'emmener à la crèche, je ne vais pas au travail coûte que coûte, je ne sais toujours pas ni où ni quand je reprendrai. Cette année je ne suis pas non plus enceinte, ni de 2 mois ni de 8 mois. 

Et je ne peux pas m'empêcher d'essayer d'imaginer où j'en serai l'année prochaine, si j'aurai repris le travail, à mi-temps ou à temps plein, si les enfants seront à la crèche, si l'appartement sera terminé. 

Je pense que cette année j'ai moins peur du temps qui passe, je ne sais pas si j'ai gagné en sérénité mais en tout cas je n'aime plus du tout les poèmes de Lamartine.